Une visite de travail hautement stratégique
Arrivé à Brazzaville pour une visite de travail, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a été accueilli, le 3 novembre, par son homologue congolais, Bruno Jean Richard Itoua. Les deux responsables ont aussitôt ouvert une séance de travail dédiée aux hydrocarbures.
La rencontre, qualifiée d’« étape supplémentaire » par les délégations, vise à consolider un accord de coopération déjà signé entre Alger et Brazzaville. Cet accord couvre l’ensemble de la chaîne de valeur pétrolière, de l’exploration à la transformation, en passant par le transport.
Aux côtés de ses partenaires congolais, Mohamed Arkab a salué « la grande avancée » représentée par ces échanges. Il a rappelé que de nombreux cadres de la Société nationale des pétroles du Congo suivent actuellement des formations pratiques sur les chantiers de Sonatrach, fleuron algérien.
Une coopération déjà tangible sur le terrain
Depuis plusieurs mois, la collaboration s’étend à l’exploration de gisements, l’optimisation de la production et la maintenance des infrastructures. Les ingénieurs congolais, immergés en Algérie, observent les méthodes de gestion qui permettent à Sonatrach de superviser plus de quatre cinquièmes du domaine minier national.
Brazzaville, forte de la récente montée en compétence de sa Société nationale, veut capitaliser sur cette expertise pour augmenter la part locale dans les opérations pétrolières. L’objectif affiché est de bâtir une industrie intégrée capable de créer de la valeur sur le territoire congolais.
Pour Mohamed Arkab, « voir Brazzaville devenir un grand opérateur africain » constituerait le signe tangible d’une coopération réussie. Les ministres estiment que le partage d’expérience, conjugué à un climat de confiance politique, offre un cadre propice à l’émergence d’un champion énergétique congolais.
Le contenu local, priorité partagée
La question du contenu local sera au centre de la 4ᵉ Conférence africaine dédiée à ce thème et de la 48ᵉ session du Conseil des ministres de l’Association des producteurs de pétrole africains, dont l’ouverture est prévue dans la capitale congolaise.
Pour Alger comme pour Brazzaville, le contenu local signifie placer les compétences africaines au cœur des contrats pétroliers. L’idée, soulignent-ils, n’est pas seulement de redistribuer les revenus, mais de transférer le savoir-faire et de créer des emplois durables dans les communautés hôtes.
Le ministre Arkab rappelle que « le génie africain » doit pouvoir s’exprimer sur l’ensemble du cycle pétrolier. Son homologue congolais, également président en exercice de la Conférence ministérielle de l’Appo, insiste sur l’importance de normes communes pour harmoniser les politiques de contenu local sur le continent.
Former la jeunesse africaine aux métiers pétroliers
Au-delà des déclarations, le dispositif de formation déjà lancé constitue un chantier phare. Des jeunes diplômés congolais, mais aussi d’autres États membres de l’Appo, suivent ainsi des stages immersifs auprès des équipes algériennes, afin d’acquérir des compétences techniques et managériales recherchées.
Les deux ministres considèrent cette dimension comme indispensable à un développement réellement endogène. « Donner aux jeunes Africains la chance de travailler », résume Mohamed Arkab, revient, selon lui, à garantir la pérennité de l’industrie continentale face à la transition énergétique et aux exigences croissantes de compétitivité.
De son côté, Bruno Jean Richard Itoua voit dans cette offre pédagogique le prolongement naturel de la dynamique lancée par le gouvernement de la République du Congo pour renforcer le capital humain. Il rappelle que la montée en qualification demeure la clef d’une croissance inclusive.
Perspectives pour un champion énergétique congolais
À la faveur des échanges techniques, des transferts de savoir-faire et d’une gouvernance sectorielle stabilisée, Brazzaville ambitionne de se hisser parmi les hubs pétroliers africains. Les autorités entendent accroître les capacités de raffinage et diversifier les débouchés, afin de maximiser les retombées économiques nationales.
L’appui algérien se veut un accélérateur. Sonatrach met à disposition ses laboratoires, ses centres de recherche ainsi que son expertise dans la négociation de contrats internationaux. Cette coopération Sud-Sud s’inscrit, insistent les ministres, dans une vision panafricaine de croissance partagée et d’intégration énergétique.
À court terme, les deux pays prévoient de dresser un tableau de bord pour suivre l’avancement de leurs projets conjoints. Des indicateurs précis devront mesurer la progression du contenu local, le nombre de personnes formées et la valeur ajoutée captée par les économies nationales.
En attendant, Mohamed Arkab et Bruno Jean Richard Itoua multiplient les signaux de confiance. Leur synchronisation, à la veille du rendez-vous de l’Appo, montre que la diplomatie énergétique peut aussi devenir un levier concret de développement pour la République du Congo et ses partenaires.
Pour les observateurs présents à Brazzaville, la rencontre illustre la capacité de l’Afrique à construire des alliances ambitieuses, sans attendre des injonctions exogènes. Si les promesses esquissées se concrétisent, le tandem Congo-Algérie pourrait bientôt symboliser une nouvelle ère de coopération pétrolière intra-continentale.
Les prochains mois permettront de tester la solidité de la feuille de route. Toutefois, en s’appuyant sur des intérêts mutuels clairement identifiés et un dialogue politique fluide, Alger et Brazzaville semblent disposer des atouts nécessaires pour transformer l’essai et consolider leur empreinte énergétique régionale.
